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Alors que la négociation du taux d'intérêt continue de focaliser l'intérêt des acquéreurs, un autre élément pèse lourdement dans la balance : l'assurance emprunteur. Depuis la baisse des taux, la part des frais de crédit dédiée à l'assurance n'a cessé de croître, à tel point que pour nombre d'emprunteurs aujourd'hui, l'assurance coûte aussi cher que les intérêts ! Face à ce constat, il est légitime de chercher à en savoir plus sur le coût de cette assurance et sur son mode de calcul afin d'être en mesure, là aussi, de négocier la meilleure offre au meilleur prix.
Il suffit de consulter une offre de prêt pour s'en convaincre : assurer son crédit coûte désormais aussi cher, voire plus, que de rembourser ses intérêts.
Le cabinet BAO partage ce constat dans son observatoire de l'assurance emprunteur datant de février 2017. Il a ainsi réalisé une simulation des coûts de crédit et d'assurance liés à l'achat d'un bien immobilier de 150 000 € à crédit (taux d'intérêt de 1,5 %) selon plusieurs profils d'emprunteurs.
Dans cette simulation, 3 profils empruntent cette somme sur 20 ans : un couple de 26 ans, un autre de 36 ans et un dernier de 46 ans.
Dans les 3 cas, le coût des intérêts d'emprunt est le même : 23 716 €. En revanche le coût de l'assurance varie très fortement, en fonction de l'âge des emprunteurs et du type d'assurance (assurance proposée par la banque prêteuse ou offre alternative) :
Soit un ratio coût de l'assurance/coût des intérêts allant de 18 à 116 % selon les profils !
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour déterminer le coût de l'assurance de prêt.
Bien évidemment le coût de l'assurance emprunteur augmente mécaniquement selon :
Certaines garanties sont obligatoires (décès et PTIA), d'autres sont facultatives (garantie perte d'emploi) ou obligatoires seulement pour certains profils d'emprunteurs (IPT, ITT, IPP). Plus vous souscrivez de garanties pour vous protéger, plus le coût de votre assurance sera élevé.
Par ailleurs, si vous achetez à deux (c'est le cas pour 80% des achats immobiliers), les quotités choisies pour chaque emprunteur impacteront le coût de votre assurance. Ainsi, un couple qui désire une protection optimale (100 % par tête) doublera sa prime d'assurance par rapport à un couple qui choisira de s'assurer à 50/50.
À capital égal emprunté, les seniors subissent une triple peine : puisque leur âge représente un risque plus élevé de maladie, invalidité ou décès, ils ne peuvent emprunter que sur des durées courtes, avec des garanties souvent moindre (à l'âge de la retraite, les garanties IPT, IPP et ITT voire la garantie perte d'emploi cessent) et à des taux d'assurance plus élevés. Si bien, que le coût de l'assurance pèse souvent plus lourd dans la balance pour ce profil d'emprunteur, alors même que les garanties seront réduites au minimum.
Par exemple, pour un emprunt de 150 000 € :
- un couple de 36 ans bénéficiant d'un taux d'assurance de 0,39%/pers et assuré à 100 % par tête paiera en assurance, pour un crédit sur 20 ans, 23 400 euros (150.000 € x 0,39% x 2 x 20 ans)
- un couple de 56 ans ne pourra emprunter, lui, que sur 15 ans, au taux de 0,59 %/pers et paiera 26 550 euros d'assurance (150.000 € x 0,59 % x 2 X 15 ans), alors même que sa durée d'emprunt est réduite de 5 ans !
- pire : un couple d'emprunteurs de 66 ans aura accès à un crédit sur 12 ans seulement et à un taux de 1,39 %/pers (pour la seule garantie décès !), soit un coût total d'assurance de 47 160 euros !
La conclusion de cet exemple est claire : plus vous empruntez tôt et sur de courtes durées et moins vous paierez d'assurance.
C'est connu, un assureur déteste prendre des risques ! Et plus votre profil en présente, plus votre taux d'assurance sera élevé.
Les risques sont appréciés selon plusieurs critères :
Ne soyez donc pas étonné si, chez un même assureur, vous paierez davantage que votre voisin si vous êtes fumeur, si votre métier vous expose à des risques (déplacements fréquents, travail sur chantier, etc.), et si vous pratiquez le parachute, alors que votre voisin ne fume pas, travaille dans un bureau, et joue au tennis.
Au moment de négocier votre assurance emprunteur, regardez bien si celle-ci est calculée sur le capital emprunté comme c'est souvent le cas pour les assurances groupe (proposées par la banque prêteuse), ou sur le capital restant dû après chaque échéance.
La logique voudrait que le calcul sur le capital restant dû soit le plus favorable à l'emprunteur mais encore faut-il que le taux n'ait pas été gonflé dans ce cas-là. Pour en avoir le cœur net, reportez-vous au TAEA (taux annuel effectif d'assurance) : celui-ci est calculé de la même manière par tous les établissements d'assurance. Il vous permet de savoir très précisément, pour un projet donné (même montant emprunté, même durée, même taux de crédit et mêmes frais bancaires) le poids que représente l'assurance et de comparer facilement deux propositions d'assurance de prêt.
Autre possibilité : vous référer tout simplement au coût total de l'assurance sur toute la durée du prêt, également mentionné dans votre contrat.
L'assurance emprunteur proposée par la banque qui vous accorde votre crédit est la plus facile à obtenir. En effet, elle repose sur la mutualisation des risques entre tous les emprunteurs assurés, quel que soit leur profil. Ce qui se traduit par des tarifs identiques par tranche d'âge.
En contrepartie, si vous présentez un profil avec peu de risques (non fumeur, sans antécédents médicaux, avec un travail de bureau sans déplacements, etc.) vous risquez de payer beaucoup plus cher votre assurance qu'en faisant appel à un contrat individuel, adapté à votre profil.
Une assurance de prêt souscrite par délégation d'assurance auprès d'un assureur indépendant, sera plus difficile à obtenir, selon les risques que présente votre profil. Ainsi, le questionnaire de santé sera souvent beaucoup plus poussé que celui qui vous aura été soumis par votre banque. En échange, vous bénéficierez d'un taux qui cadre avec votre profil : si vous présentez peu de risques, le taux sera naturellement plus faible.
La simulation du BAO évoquée en début d'article révèle sur ce point des disparités importantes. Toujours pour un emprunt de 150.000 € sur 20 ans, avec un taux d'intérêt de 1,5% :
À partir de l'ensemble des critères énoncés précédemment, il vous sera possible de définir votre profil d'emprunteur et à partir de celui-ci, de comparer les offres des différents assureurs. Vérifiez bien dans celles-ci les garanties proposées, les quotités retenues (en cas d'achat à deux) et les conditions de leur application.
Un exemple particulièrement frappant dans ce domaine : il vaut mieux souscrire une assurance emprunteur qui couvrira votre invalidité au cas où vous seriez dans l'incapacité d'exercer VOTRE profession qu'une assurance qui ne vous couvrira que si vous êtes dans l'incapacité d'exercer n'importe quelle profession, même si elle est meilleur marché.
Mais gardez toujours à l'esprit qu'en matière d'assurance emprunteur, un coût élevé n'est pas forcément synonyme de meilleure couverture en cas de pépin. Comme toujours, dans le domaine des assurances, tout est dans le détail des contrats qu'il faudra lire scrupuleusement avant de signer.
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